Brazil

Brazil a été pour moi une découverte monumentale. Non pas que le film m'était inconnu. La simple évocation du titre dans une critique fait toujours figure d'autorité : "même si l'on atteint pas le niveau de Brazil", "Brazil fait bien mieux dans le même genre", Brazil ci, Brazil ça... c'était surement la raison pour laquelle je n'arrivais pas à passer à l'acte. Une fois le film vu, tout les long métrages d'anticipation ne seraient-ils plus alors, à mes yeux, qu'un vulgaire tas de copies ou d'essais ratés ? Et puis il y avait aussi certains échos, selon lesquels Brazil ne serait "pas vraiment" de la SF ; surtout une comédie déjantée et décalée.

En fait il n'en est rien ! Brazil, c'est de la pure anticipation. Et pas qu'à moitié. Ceux qui disent le contraire cherchent seulement à se persuader que, s'ils ont apprécié le film, ce n'est pas parce qu'ils aiment la science-fiction, mais justement parce que Brazil n'en serait pas vraiment... Brazil raconte les déboires d'un haut fonctionnaire qui tombe amoureux d'une étoile (terroriste ? simple citoyenne ?) dans une société totalitaire futuriste. Le film se déroule visiblement en décembre au vu du nombre de sapins de Noël présents dans le film. (je vous laisse compter). Les décors sont magnifiques et les machines aussi ingénieuses que farfelues. On est proche de l'esthétique d'un Jeunet (pour ceux qui seraient plus habitués aux films du réalisateur français). Les situations sont extrêmement plausibles, et font plus souvent peur que rire. (les arrestations par la milice, les exécutions accidentelles...) En cela, il me parait difficile de mettre Brazil dans la catégorie "comédie", même si Terry Gilliam est aux commandes.

Ah oui ! Terry Gilliam ! Mais c'est qui déjà ? Ah oui, "Monty Python" ! c'est pour ça que c'est souvent drôle ! Mais aussi "L'armée des 12 singes". Là, ça rigole moins. En fait Brazil, c'est un peu des deux, une fusion intelligente de la comédie et de la "hard SF". Avec en plus une esthétique parfaitement maitrisée, des acteurs fantastiques, et un scénario aussi intelligent que bien amené. Alors oui, c'est vrai, peu de films de science fiction arrivent à la cheville de Brazil. Mais la position de premier de la classe n’empêche pas les autres élèves d'exister. Et ce n'est finalement pas si mal qu'il essaient d'atteindre le même niveau en s'en inspirant.

Petit commentaire maintenant concernant le laserdisc américain. Critérion n'a pas fait les choses à moitié ! Un magnifique box, contenant le film director's cut en CAV (s'il vous plaît !), des heures de suppléments (sur les effets spéciaux, les circonstances du tournage), mais aussi et surtout la version édulcorée de Brazil (version TV ?), coupée dans tout les sens, et finissant sur un magnifique "happy end" ; de quoi s'amuser de longues heures, comparer les versions du film, etc...  L'image en CAV du film est parfaite, même zoomée. La définition est extrêmement bonne, le grain très fin. Absolument aucun bruit sur l'image, ni de drops gênants. A condition que l'image soit bien désentrelacée, on atteint une définition au moins aussi bonne que celle d'un DVD, avec en prime une fluidité exemplaire. Aucun signe de "smear" (débordement de couleurs sur la droite) non plus. Le son, bien que parfaitement clair, aurait mérité un meilleur équilibrage (voix/effet sonore), pour une utilisation "home-video". On est souvent obligé de baisser le volume pendant les scènes d'action. Une édition donc quasiment parfaite pour un film parfait.